L’autorité morale de la MP (Majorté Présidentielle), Joseph Kabila, a tenu sa promesse de réunir, hier dimanche 22 mars 2015 à Kingankati, dans la banlieue de Kinshasa, les grosses pointures de sa famille politique.
En effet, aux membres du Bureau Politique, se sont joints les présidents des groupes parlementaires, des regroupements politiques ainsi que les personnalités habituellement conviées à ce type de rencontres.
Avant que Joseph Kabila ne prenne la parole, l’ambiance paraissait lourde, tant flottait dans tous les esprits l’affaire de la lettre lui adressée par les présidents des sept partis politiques. On rappelle que dans cette correspondance le «G.7» (MSR, ARC, Unafec, Unadef, MSDD et PDC) sollicitait un débat interne autour des questions politiques de l’heure, notamment la clarification sur le processus électoral, le découpage territorial, les événements de janvier 2015, les ambitions politiques des uns et des autres, etc.
Au regard du mutisme légendaire de l’autorité morale de la MP, d’aucuns pensaient que la séance allait se transfirmer en séance de flagellation des frondeurs. Mais, contrairement aux attentes, Joseph Kabila a surpris son monde en se limitant à ouvrir la séance et à exhorter les participants à débattre librement et franchement du tout et de rien, avant de se retirer.
Comme souhaité par le Chef de l’Etat, le débat interne a été effectivement houleux. Selon des témoins qui se sont confiés au Phare, «Faucons» et «modérés» se sont dits des vérités en face. Les flèches empoisonnées qu’ils se lançaient auparavant par le biais des médias ont décochées à visages découverts et en live. Les «faucons» traitaient les «modérés» de traîtres à la cause du cjef tandis que ceux-ci faisaient remarquer aux premiers que leur radicalisme était en train de conduire l’ensemble du «bateau» vers sa perte.
Après s’être sérieusement empoignés en l’absence de Joseph Kabila, les deux camps ont sollicité une pause.
Au retour, il a été constaté que les esprits s’étaient calmés. C’est alors que des ébauches de propositions ont été émises, au regard de la situation politique de l’heure. Tous ont été unanimes à reconnaître qu’il faut recréer l’unité et la cohésion internes, avant d’affronter les autres composantes de la Société congolaise, notamment l’Opposition et la Société civile. Bien qu’aucune résolution ni décision n’ait été arrêtée, on pense que le linge sale a été lavé en famille, sans la moindre interférence de Joseph Kabila, qui s’est complètement effacé pour la circonstance.
Une prochaine réunion est envisagée dans un proche avenir, en vue de formaliser les idées ayant circulé dans tous les sens.
Les observateurs pensent que le G.7 avec le MSR de Pierre Lumbi, l’ARC d’Olivier Kamitatu, l’Unafec de Gabriel Kyungu, l’Unadef de Mwando Nsimba, le MSDD de Lutundula Apala, le PDC de José Endundo et l’ARCO sont sortis grands vainqueurs du rendez-vous d’hier à Kingankati. L’attitude de neutralté adoptée par Kabila a consacré le début du dialogue en interne tant réclamé par les «progressistes» et leurs alliés. Il est à souhaiter que les poches d’incompréhension ont été vidées et que la MP pourrait aborder, sans tabou, des questions ultra-sensibles telles que celle de la succession de Joseph Kabila. Car, à la lumière des événements de janvier 2015 et des pressions de la communauté internationale, il serait mal venu qu’il puisse se représenter ou bloquer la machine électorale. Par conséquent, la MP devait se faire violence et réflechir déjà au candidat capable de fédérer ses forces politiques en vue de
l’alternance au sommet de l’Etat en 2016.