la guerre de l'eau aux portes de la RDC
« La guerre de l’eau aux portes de la RDC »
Un appel à la prise de conscience collective
Face à la menace venant des pays voisins qui convoitent les fleuves, rivières et lacs de la RDC, le sénateur Modeste Mutinga invite décideurs et intelligentsia à mesurer l’ampleur du péril qui gronde aux portes de la RDC. « Car, le temps me semble venu, écrit-il, d’épargner nos populations d’une nouvelle guerre, la guerre de l’eau, alors que nous n’avons pas encore fini de panser les plaies ouvertes par les précédentes ». Telle est la quintessence de son livre baptisé hier jeudi 18 septembre par le président du Sénat, Léon Kengo Wa Dondo.
Le président du Sénat, Léon Kengo Wa Dondo, a procédé, hier vendredi 18 septembre, au baptême du livre du sénateur Modeste Mutinga Mutuishayi intitulé «Le fleuve Congo et ses affluents : un château d’eau convoité. La guerre de l’eau aux portes de la RDC ». La cérémonie haute en couleurs s’est déroulée au Salon Lubumbashi du Grand Hôtel Kinshasa, à Gombe.
«Nous sommes en face d’une véritable guerre de l’eau. J’ai assisté à certaines conférences internationales, certains chefs d’Etat considèrent qu’ils peuvent décider, loin de nous, en dehors de nous et contre nous. Si nous ne faisons pas attention, un jour, nous n’aurons plus d’eau pour nous-mêmes, pour nos familles, pour notre pays. Hier, l’honorable Modeste Mutinga a parlé de la République des inconscients. Il ne nous a pas surpris. Aujourd’hui, il nous donne le témoignage poignant de la guerre de l’eau. Il nous donne l’impression que cela ne nous intéresse pas encore. Prenant conscience que notre pays est riche en ce qui concerne l’écosystème. Et cet écosystème ne garantit pas seulement la vie à la RDC mais au monde entier. Pour cela, c’est avec plaisir que je baptise ce livre », a déclaré le président de la Chambre haute du Parlement. Hasard de calendrier ou volonté manifeste de coïncidence, le baptême du livre est intervenu la veille d’un important sommet convoqué à New York par le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon sur le changement climatique. L’eau sera au cœur des débats. La RDC sera représentée par le sommet.
Le sénateur Florentin Mokonda Bonza a dévoilé la quintessence de l’œuvre que l’auteur présente à l’opinion nationale et internationale.
A l’en croire, le sénateur Modeste Mutinga croit mordicus que la réserve apparente des gouvernants de la RDC, victime, elle aussi, du réchauffement de la planète, s’expliquerait par le fait que la destruction des écosystèmes forestiers du Bassin du Congo aurait des répercussions fâcheuses sur toute la planète.
Se référant aux écrits scientifiques, accords, traités et diverses déclarations, le patron du Groupe Media 7 a démontré que la Commission du Bassin du lac Tchad menace de construire des infrastructures en vue de prélever des eaux à partir du Bassin de l’Oubangui. «Que deviendra la RDC et le peuple congolais ? Allons-nous adhérer à cette thèse ? », s’est interrogé le professeur Florentin Mokonda Bonza.
Pourtant, a-t-il indiqué, pour le gouvernement et pour les scientifiques congolais, les études d’impacts environnementaux et sociaux doivent subordonner toute décision politique.
A ce propos, le présentateur du livre du sénateur Modeste Mutinga a, d’ailleurs, rappelé à l’opinion nationale et internationale qu’une proposition de loi relative à la gestion des ressources en eau, en examen au Parlement, dispose en son article 45 ce qui suit : «Le transfert d’eau douce en dehors du territoire national vers le territoire d’un autre Etat ou par voie maritime est soumis à l’accord préalable du peuple congolais consulté par voie de référendum conformément à la Constitution ».
Selon le sénateur Mokonda Bonza, l’œuvre de son collègue Mutinga qui se veut perfectible a le mérite de lancer le débat sur une question aussi vitale que stratégique.
« Le peuple congolais ne peut prendre une décision aussi grave sans s’entourer de précautions élémentaires. Si à travers ses représentants et la Société civile, le peuple congolais doit redoubler de vigilance, le gouvernement doit se montrer engagé et déterminé à assurer aux citoyens congolais les droits sociaux et économiques leur garantis par la Constitution, parmi lesquels on peut aligner les droits d’accès à l’eau potable, à l’énergie électrique, à la santé, à la sécurité alimentaire, à la paix, à la sécurité intérieure et extérieure, à un environnement sain et propice à leur épanouissement intégral. Sans eau, il n’y a pas de vie », a, à la lumière du livre, recommandé le professeur Mokonda Bonza.
Il a estimé que la question de l’eau en RDC, au regard des recommandations des scientifiques, doit être examinée et traitée avec célérité, circonspection, rationalité, patriotisme, responsabilité et en parfaite harmonie avec les lois en vigueur en RDC et les exigences de la solidarité internationale.
Pour sa part, l’auteur de l’ouvrage, le sénateur Modeste Mutinga a exprimé sa gratitude à l’endroit de toute l’assistance pour la marque de sympathie qu’elle a témoignée à cette séance de baptême de son livre. Il a nommément cité le président du Sénat pour l’honneur qu’il a daigné lui faire en acceptant, une fois de plus après «La République des inconscients », de parrainer la cérémonie.
«J’interprète sa présence en ce lieu comme un encouragement qu’il me gratifie en vue de poursuivre cet exercice difficile d’essayiste. Je lui en sais profondément gré », a-t-il déclaré.
L’eau, pour l’auteur, est une ressource vitale, économique et stratégique indispensable à la vie de l’humanité ainsi qu’à la stabilité des Etats. Elle occupe 71% de la surface terrestre. De cette quantité, 97,2% est salée et 2,8% seulement douce. Celle-ci est répartie sur quatre plus grands bassins hydrographiques du monde. Le Bassin du Congo, le deuxième après l’Amazonie, dispose dans sa partie couverte par la RDC, de 62% des réserves d’eau douce du continent africain et 25% de la ressource mondiale. Un grand château d’eau douce tant convoité.
Le sénateur Modeste Mutinga renseigne que la demande d’eau douce est énorme et la menace de transfert forcé perceptible. Un projet gigantesque de capter des eaux de l’Oubangui, le plus grand affluent du fleuve Congo, vers le lac Tchad, en processus inexorable de desséchement, est concocté par des vautours qui n’ont cessé de lorgner vers les richesses naturelles de la RDC.
A l’en croire, l’initiative soutenue principalement par l’Union européenne, la Banque africaine de développement et l’Union africaine est en phase de mise en œuvre avec la création d’une force armée dite de «sécurisation du lac Tchad ». Face à cette menace à peine voilée, l’auteur tire la sonnette d’alarme et invite le peuple congolais et ses dirigeants à se lever, à se mobiliser et à marcher pour la sauvegarde du fleuve, de son écosystème et de sa navigabilité indispensables à l’essor économique de la RDC.
De son côté, le sénateur Flore Musendu Flungu est revenu, avec force détails, sur les propos du sénateur Mutinga. Il a rendu un témoignage poignant du complot qui se trame en vue de transférer les eaux douces du Bassin du Congo vers les Bassins du lac Tchad et du Nil. Ce qui revient à dire que la guerre de l’eau ne fait que commencer. Aussi curieux que cela puisse paraître, une unité combattante est mise en place pour la protection du Bassin du lac Tchad, avec comme base, la République Centrafricaine. Les Congolais ne seraient-ils pas en droit de s’interroger et d’anticiper ? Voilà toute la problématique.