LE GRAND RETOUR: MOÏSE KATUMBI À KINSHASA AVEC LA DÉPOUILLE DE TSHISEKEDI
LE GRAND RETOUR: MOÏSE KATUMBI À KINSHASA AVEC LA DÉPOUILLE DE TSHISEKEDI
Écrit par Le Potentiel. Publié dans A la Une
En exil forcé à l’Occident, Moïse Katumbi a décidé de braver la menace d’emprisonnement qui pèse sur lui. Il prépare son grand retour en République démocratique du Congo pour continuer le combat dans lequel il s’est engagé depuis sa démission du PPRD, le parti présidentiel, et de la Majorité présidentielle (MP). Il se sait en danger. Mais, de Bruxelles où il se trouve présentement, Moïse Katumbi n’entend pas baisser les bras. Son grand retour en RDC est imminent. Il s’y prépare à fond.
Depuis la mort, le 1er février 2017 dans la capitale belge, d’Etienne Tshisekedi, Katumbi communie à fond avec la diaspora congolaise. Après la procession du dimanche 5 janvier 2017 au Palais Heysel où a été exposée la dépouille d’Etienne Tshisekedi, Moïse Katumbi était également présent à la messe de requiem célébrée hier jeudi en mémoire d’Etienne Tshisekedi à la basilique de Koekelberg de Bruxelles.
Si toute l’attention était concentrée sur l’assistance, venue nombreuse pour célébrer la mort du « père de la démocratie congolaise », la déclaration faite par Moïse Katumbi avant la messe a détourné toute l’actualité vers lui.
Interrogé par la presse belge, Moïse Katumbi a clairement manifesté son intention de retourner en RDC. « Je vais rentrer avec la dépouille de Tshisekedi à Kinshasa », a-t-il dit sans détours. Et de préciser : « Je vais accompagner le corps pour l’enterrement au Congo ». Craint-il pour sa sécurité, la justice congolaise ayant promis de l’arrêter dès qu’il retourne en RDC, Moïse Katumbi garde toute sa sérénité. « Le plus important, se défend-il, c’est d’honorer le ‘Vieux’ (Ndlr : Etienne Tshisekedi ». Peu importe, semble-t-il dire, ce qui pourrait lui arriver dès qu’il remet ses pieds en RDC.
Autrement dit, Moïse Katumbi est prêt à braver l’inconnu. Et comme il l’a dit dans un de ses tweets, il a levé l’option de s’engager dans la voie tracée par Etienne Tshisekedi ; celui qu’il considère - à juste titre d’ailleurs – comme le père de la démocratie congolaise.
Condamné injustement, selon le collectif de ses avocats, par le Tribunal de paix de Kamalondo à Lubumbashi dans une affaire de « spoliation d’un immeuble », Moïse Katumbi a toujours clamé son innocence. Bien plus, la juge présidente, Chantal Ramazani, qui a prononcé la condamnation s’est rétractée par la suite en remettant en cause le déroulé du procès Moïse Katumbi. Démontant tous les contours politiques de ce procès, la juge Ramazani a fait comprendre, depuis son lieu d’exil, que tout a été mis en place en haut lieu du pouvoir pour consacrer l’inéligibilité de Moïse Katumbi à la prochaine présidentielle.
En décidant de revenir en RDC, Moïse Katumbi s’attend sûrement à une confrontation avec la justice. C’est inévitable. Dans la Majorité présidentielle, des sources généralement bien informées rapportent qu’une réunion stratégique a été convoquée jeudi soir, autour du ministre de la Justice, Alexis Thambwe Mwamba, pour contrecarrer l’annonce de Katumbi.
Comment Moïse Katumbi va-t-il gérer toute la pression qui sera exercée sur lui ? Difficile à prédire. Une chose est sûre : l’ancien gouverneur du Katanga sera dans la délégation qui accompagne à Kinshasa la dépouille d’Etienne Tshisekedi. Il a pris sa décision et il entend l’assumer jusqu’au bout. Dans son entourage, on rapporte qu’il le fait par « devoir » à Etienne Tshisekedi, président du Conseil des sages du Rassemblement, regroupement politique créé à l’issue du conclave de Genval auquel Moïse Katumbi a pris une part active.
Les mesures de décrispation mises à l’épreuve
Ainsi, pour Katumbi, se cloitrer en Europe, loin du peuple congolais qui va communier pour la dernière fois avec Etienne Tshisekedi est un affront qu’il n’est pas prêt à supporter, confirme également son entourage. Comme on pouvait s’y attendre, l’annonce du retour de Katumbi a mis la ville en émoi. Nombre d’observateurs pensent qu’en levant cette option, Moïse Katumbi se jette pratiquement dans la fosse aux lions. Pour le pouvoir en place, prédisent-ils, ce serait une aubaine. Ils vont l’incarcérer afin de l’écarter de la prochaine course à l’élection présidentielle.
Il y a cependant quelques nuances. Entre son départ, dûment autorisé par le Procureur général de la République, et son probable retour en RDC, beaucoup de choses se sont passées. Il y a eu d’abord le dialogue politique de la cité de l’Union africaine qui a accouché d’un accord politique qui s’est prononcé sur la nécessité de prendre une série de mesures en vue de la décrispation du climat politique. L’Accord signé le 31 décembre 2016, sous l’égide de la Cenco, a corrigé les lacunes de l’accord de la cité de l’UA en levant clairement le principe inamovible de décrispation politique. Jugé trop complexe, le dossier Katumbi a été retenu à cet effet et placé pour un traitement adéquat à la disposition de la Cenco.
Dans ce contexte politique tout à fait particulier, le pouvoir commettrait une grave erreur en s’acharnant sur Moïse Katumbi dès son retour à Kinshasa. Ce qui pourrait envenimer le climat politique, encore délétère dans le pays. Du coup, les mesures de décrispation préconisées par l’Accord du Centre interdiocésain sont mises à rude épreuve.
Quoiqu’il en soit, le retour de Moïse Katumbi en RDC sera un événement dans un événement. Vis-à-vis du pouvoir, c’est un test grandeur sur sa volonté de travailler pour un accord politique qui concilie toutes les forces politiques et sociales du pays. Moïse Katumbi le sait. Son retour est un couteau à double tranchant pour le régime de Kinshasa. Comme qui dirait : « Qui s’y frotte s’y pique ».